J'avais envie de prendre le temps
Et de me laisser envelopper par la campagne,
Qui est mon pays.

Flora.

22 novembre 2014

Une certaine idée de la campagne

Coincée entre deux immeubles bas, construits il y a moins de dix ans, je me fraye un passage vers les oiseaux et les insectes. Il y a ici des arbres, des hautes herbes, un peu plus de silence qu'ailleurs. J'élève alors deux poules, en plus de mes chats. J'installe une mangeoire à oiseaux et un hôtel à insectes. Je prépare le potager pour le printemps, tout en restant phobique des vers. Je laisse pousser quelques herbes aromatiques dans des pots de couleurs, récupérés chez Emmaüs. Mon jardin n'est pas riche, c'est un jardin de pavillon. Mais j'y trouve ma place. J'y retrouve mon lien à la campagne. Ça soulage.

Ni vu, ni connu ! Les oiseaux le verront-ils ? (réponse bientôt)

Mes Marans

21 novembre 2014

Lettre ouverte de Françoise Verchère à la ministre de l'Education nationale

Madame la Ministre,

Bien que vous ne connaissiez probablement pas dans le détail les dossiers de Notre Dame des Landes ou du barrage de Sivens, ou d'un autre de ces grands projets contestés, c'est à vous que je souhaite m'adresser aujourd'hui. Depuis la mort de Rémi Fraisse, ce ne sont que questions et commentaires dans tous les media, manifestations dans les rues de France, émotion et colère. Ce qui s'est passé à Sivens aurait pu arriver à Notre Dame en 2012 lors de la tristement célèbre opération « César », et nous l'avons craint chaque jour de cet automne-là. C'est probablement pour cela que nous avons été très sollicités pour réagir sur le drame de Sivens.



Un journaliste m'a demandé ce que je pouvais dire, en tant qu'opposante au transfert d'aéroport mais aussi en tant qu'ancienne enseignante aux jeunes en colère. Et cette question à laquelle j'ai probablement mal répondu sur le coup m'a donné à réfléchir depuis.

Et c'est vous que je vais interroger en retour, Madame la Ministre.

J'ai enseigné les lettres classiques du collège à la classe préparatoire. Ai-je eu tort de faire découvrir à mes élèves la révolte d'Antigone dans Sophocle, Jean Anouilh ou Henri Bauchau , ai-je eu tort de leur expliquer la différence entre la légalité et la légitimité d'un combat ? Ai-je eu tort de leur faire lire Émile Zola ou Victor Hugo en lutte permanente contre l'injustice et pour la vérité? Ai-je eu tort de montrer aux plus jeunes que le Petit Prince a raison de préférer sa rose aux fausses richesses du businessman et de débattre avec les plus âgés sur « le discours sur la servitude volontaire » d’Étienne de la Boëtie ? Ai-je eu tort de lire avec eux Les racines du ciel    dont on a dit qu'il était le premier roman écologique, le premier appel au secours de notre biosphère menacée ? Dont le héros avait trouvé la force de résister à la barbarie des camps grâce aux hannetons et aux éléphants, pour lesquels il se battait désormais. « L'espèce humaine (est) entrée en conflit avec l'espace, la terre, l'air même qu'il lui faut pour vivre...comment pouvons-nous parler de progrès, alors que nous détruisons encore autour de nous les plus belles et les plus nobles manifestations de la vie ? », écrit Romain Gary. Lorsqu'il a reçu pour ce livre le prix Goncourt en 1956, le ministre de la culture l'a probablement félicité n'est-ce pas ...

Dois-je multiplier les exemples ? Faut-il vraiment lire Villon ( un délinquant d'ailleurs...), Rabelais, Montaigne, La Fontaine, Beaumarchais, Montesquieu, Voltaire, Bernanos, Camus, Boris Vian ( un dangereux pacifiste, lui !) Malraux et tant d'autres ?

Tous ces auteurs font pourtant partie des programmes, ils sont « consacrés », régulièrement cités et encensés par les grands de ce monde...alors ? Aurais-je dû plutôt choisir, hors programme, des ouvrages qui apprennent l'appât du gain, l'art du mensonge, le refus du doute, le goût du pouvoir, la supériorité de l'oligarchie sur la démocratie ? Aurais-je dû leur dire que la justice, la vérité, le respect du vivant étaient des utopies inutiles, des valeurs ringardes et en total décalage avec le monde réel ? Peut être après tout. Le choc serait moins rude et l'école serait enfin en phase avec la société...
C'est pourquoi, Madame la Ministre, je vous engage vivement à revoir les programmes si
vous voulez que la jeunesse se taise, qu'elle accepte le monde saccagé que nous allons leur laisser, qu'elle n'ait comme idéal que la reproduction des erreurs de ses aînés, qu'elle ne s'indigne pas comme le lui demandait pourtant il n'y a pas si longtemps Stéphane Hessel, sous les applaudissements de tous.


Au moins, les choses seraient claires. Et l'on ne s'étonnerait plus que les socialistes au pouvoir qui avaient pleuré en 1977 la mort de Vital Michalon, tué lui aussi par une grenade offensive au cours d'une manifestation anti-nucléaire, n'aient visiblement aucun remords pour Rémi Fraisse et se dédouanent au contraire de leurs responsabilité en stigmatisant « la violence des manifestants ». Sans doute n'ont-ils plus le temps de lire, sans doute ont-ils oublié leurs lectures et leur jeunesse...
Dans l'espoir d'une réponse qui intéressera sans aucun doute mes collègues enseignants et leur permettra de mieux répondre à la tâche qu'on attend apparemment d'eux aujourd'hui , je vous assure Madame la Ministre de ma tristesse d'enseignante et de toute mon incompréhension,

Françoise Verchère,
coprésidente du CéDpa, conseillère générale de Loire-Atlantique, ancienne élève de l’École Nationale Supérieure.

28 novembre 2013

"La Politique agricole commune, c'est tirer sans avoir de fusil"

"Enfin un film sur la PAC où on peut voir des champs, des vaches et des moutons". Ainsi commence la bande-annonce du film documentaire réalisé par Arnaud Brugier, Les Petits gars de la campagne. Comment une politique censée favoriser le productivisme agricole a conduit à un tel état de dépendance ? Dépendance à un modèle, unique, implacable. Dépendance aux subventions qui font perdurer l'agriculture française. Ce film donne la parole à des éleveurs et des cultivateurs de toutes pratiques. Et ça fait du bien d'entendre leur témoignage !

Bande annonce sur Viméo.
Suivre l'actu des Petits gars de la campagne sur Facebook.

7 février 2013

En lien



Voici quelques liens vers des articles concernant, de près ou de loin, la lutte contre l'urbanisation des campagnes, la ZAD (Zone à Défendre) de Notre Dame des Landes, l'illégalité de la répression de ces mouvements.
(Principalement dénichés sur Zone à Défendre)

"Je me suis senti humilié" | Le discours que n'a pas pu prononcer un élu EELV lors de sa démission | Le Petit Courrier - L'Echo de la vallée du Loir

Détachez vos ceintures | Collaboration de 60 auteurs et 16 éditeurs qui ont créé ce livre pour pouvoir dire "Vinci dégage !" | detachezvosceintures.net

Le pouvoir agit hors de la loi à NNDL | Des fouilles archéologiques illégales et pourtant en cours | Médiapart

Les entreprises surveillées | Les services de renseignement de la police ont reçu l'ordre de suivre "au plus près" les entreprises où pourraient s'élever des contestations sociales | Le Figaro

29 novembre 2012

" Quand le temps s'arrête, il devient lieu "
Chawki Abdelamir, poète irakien




17 novembre 2012

Notre Dame la Terre

Jeudi 8 novembre, Le Monde faisait le lien (hypothétique) entre le combat de Notre Dame des Landes et celui du Larzac, gagné il y a plus de trente ans par les militants.


Crédits : Johann Rousselot/Signatures pour Le Monde

Serait-ce un nouveau Larzac, que présagent les affrontements -croissants ces dernières semaines- entre police et militants anti-Notre-Dame-des-Landes ?
"Notre-Dame-des-Colères" est une commune prise entre deux feux, une terre que cultivent les paysans de ce bocage nantais, où leurs bêtes broutent sans trop se préoccuper des combats des hommes. Un sol qui pourrait bien être recouvert par le macadam des pistes d’atterrissage, foulé par des centaines de voyageurs pressés, stressés, tous les jours et parfois la nuit. 

Le projet de l'aéroport n'est pas récent. Voila quarante ans qu'on en parle. Il semblerait que les aéroports de la région du grand ouest ne soient pas suffisant face au nombre croissant de voyageurs. Il semblerait aussi que les pistes de tous ces aéroports ne soient pas assez grandes pour accueillir les gros porteurs, type Airbus A380. Les arguments de l'emploi, de la baisse des nuisances sonores sur Nantes ou encore de la libération d'espaces agricoles sont avancés.

Evidemment, il y aura moins de bruit sur la grande agglomération. Mais, à la place de la mélodie du vent dans les arbres, des amphibiens dans les cours d'eau, du meuglement las des bovins... la campagne nantaise entendra à son tour les décibels assourdissant de l'incessant va et vient aérien.

Outre la question de qui, urbains ou ruraux, sera le plus tranquille, la construction de cet aéroport nous met face à des questionnements plus fondamentaux. Ils nous font réfléchir sur notre mode de vie et la vision que la société nous donne du monde, transformant tel un savant fou, temps et espace.
Il y a de plus en plus de voyageurs aériens, sont-ils poussés par un nouveau besoin impérieux, ou profitent-ils simplement de l'offre, plus de trajets, plus rapidement et à moindre coût ?
Combien de voyageurs aériens pensent-ils à l'impact écologique de leur voyage ? Combien pensent ne serait-ce qu'aux nuisances sonores ?
Le problème de ce monde, c'est que tout devient normal et jusqu'au fossé grandissant qui nous sépare de la réalité, et en premier lieu, de la terre qui, je le rappelle, est ce que nous avons tous sous les pieds (même à plusieurs dizaines de mètres sous une dalle de bitume).

10 novembre 2012

Une certaine forme de mélancolie

26 octobre
Longue promenade dans la plaine du Faulq. Temps sec et froid avec un ciel de marbre gris. Au loin sonnent les cloches d'une église de campagne. On croise des chevreuils au galop qui fuient des chasseurs. Eaubac n'a plus peur des coups de feu. Je crois que si j'aime tant ce paysage augeron, les paysages de France en général, si je suis à ce point ému par cette vieille terre qu'on foule au petit trot, c'est que tout le reste à disparu. Je ne reconnais plus mon pays dans ce que j'écoute à la radio, ce que je lis dans les journaux et les livres, ce que j'entends dans les conférences de rédaction. Seul le paysage dessiné en plongée me rappelle, au crépuscule, ce qui a été et bientôt mourra. Je ne suis pas triste. Je ne regrette rien. En selle, je cède simplement au plaisir doucereux, sucré, de la mélancolie.

Jérôme Garcin - Cavalier Seul


Jérôme Garcin et Eaubac